Voilà suite à un article paru sur le site internet de Libération le samedi 31 mars 2007, j'ai envoyé une lettre au journaliste, Jean-Hébert ARMENGAUD, que je publie ici dans le blog. Le lien de l'article est le suivant: http://www.liberation.fr/actualite/monde/244676.FR.php
Lettre ouverte à Jean-Hébert ARMENGAUD:
Bonjour,
Je vous écris ce courrier car je ne peux pas réagir. Je veux commencer par vous signaler que je suis un français vivant au Chili depuis deux ans et demi. Premièrement, je veux vous signaler que l'Université Diego Portales, comme l'a souligné un des participants au forum, n'est pas vraiment une université de renom, elle fait partie des nombreuses universités privées, rien à voir avec l'Université du Chili ou la Catolica. Donc prendre comme référence ce politologue, je trouve cela pas terrible.
Deuxièmement, la chute de sa popularité et son remaniement de son cabinet, s'ils sont dus en effet au plan Transantiago, les manifestations du jeudi ne sont pas une conséquence directe. Je m'explique, ces manifestations se déroulent les ans à l'appel du FPMR (Frente Patrotico Manuel Rodriguez) et du MIR, et tous les ans c'est le même chaos. Le fait qu'elles aient été plus violentes, c'est sûr, et que le Transantiago ait été un prétexte, sans aucun doute. Sur les 800 interpellations, plus de la moitié des détenus sont des mineurs utilisant, bombe Molotov et armes à feu de fabrication artisanale. Ceci dit, ces mesures sont toujours provoquées par les policiers pour lesquels n'importe quelle manifestation sur la voie publique est réprimée avec lance à eaux et gaz lacrymogène. Ici, c'est devenu presque un jeu et un sport de s'échapper des CRS. Mais ceci est un mode de réaction loin de la réalité française que même ici je peine à comprendre. Donc ceci n'est pas spécialement surprenant je dirais.
Les résultats du Transantiago sont contestables, c'est sûr, de nombreuses imperfections demeurent. Vous oubliez de dire cependant que ce plan a été conçu sous le gouvernement de Lagos et que son implantation est du ressort de Michelle Bachelet, à qui la faute ? Ceci dit, ce plan a le mérite de vouloir moderniser le système de transport qui était réellement anarchique où le système privé à 100% réalisait à peu près ce qu'il voulait. Le gouvernement a voulu rationaliser tout ça et le rendre plus lisible en mettant en place des fréquences, des lignes tracées (avec un plan, ce qui n’existait pas jusqu’à présent) et surtout qui permet de prendre plusieurs "micros" avec un seul et même paiement ce qui n'était pas possible jusque là. A chaque changement de bus, on devait payer. Ce plan était nécessaire. Pour exemple, le bruit a baissé de 10 dB dans l'avenue la plus importante de Santiago l'Alameda, ce qui représente déjà un effet important. Ce plan ne se mettra réellement en place qu'en 6 mois c'est sûr, on ne change pas des habitudes de cette ampleur si rapidement.
De plus vous oubliez de signaler un des points importants de ce plan, est que les chauffeurs ne sont plus rémunérés au nombre de tickets vendus, mais obtiennent un salaire fixe chaque mois, ce qui est en soi une grande avancée sociale. Sur ce point, les entrepreneurs privés, et notamment Manuel NAVARRETE propriétaire de plus de 40% de la flotte de bus ont réalisé un réel blocage de ce plan, en retenant des centaines de micros dans les terminaux pour fautes de réparation, et en ne réalisant pas les contrats promis aux chauffeurs. La grogne est si grande que Manuel NAVARRETE a démissionné la semaine dernière, ce qui en soi est déjà une victoire. De plus, le ministre de Transports sortant jouit d'une grande popularité, du fait de son courage et son implication dans le plan, et implantait une loi permettait la prise de contrôle d'une entreprise ne respectant pas son contrat. Les médias ont une part importante de responsabilités dans ce mécontentement en faisant preuve d'un populisme exacerbant. De plus, une question que vous n'abordez et pas et qui pourrait être intéressante, est pourquoi un gouvernement s'investit dans la gestion d'une seule ville ? C'est comme si le gouvernement de maintenant mettait en place la réforme des transports de la ville de Paris...Voilà ces informations que vous oubliez.
Mais bien sûr en plus, il faudrait parler des grandes disparités sociales au Chili, de sa situation explosive, de l'espoir né par les élections au Nicaragua, Venezuela, Bolivie. Personnellement, je soutiens cette femme qui affronte les changements nécessaires au Chili. Elle a promis une nouvelle LOCE, ce qui est en soit une avancée importante. On espère aussi la fin du système binominal. Alors je vous en prie, lors d'un article comme cela, essayer de remettre les choses dans leurs contextes, ça évitera les commentaires débiles de personnes cherchant à comparer bêtement la situation chilienne avec une hypothèse de future élection de Segolène Royal, c’est comparatif facile ne sont avantageux ni pour l’une ni pour l’autre.
Merci de votre réponse.
Salutations.
Julien Leclercq
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